Le marché du livre au Québec a connu une année 2023 marquée par une certaine stabilité, malgré un contexte économique et culturel en constante évolution. Si les chiffres globaux témoignent d’une résilience du secteur, 677.3 millions $, accusant une légère baisse de 0,2 % par rapport à 2022 (-1,1 million $). Une analyse plus fine révèle des tendances contrastées et des défis inédits. Entre la montée en puissance du numérique, l’inflation et l’évolution des habitudes de consommation, le livre québécois est à un tournant. Les librairies ont enregistré leur chiffre d’affaires le plus élevé en dix ans, tandis que les grandes surfaces ont vu leurs ventes chuter à leur niveau le plus bas depuis 2019.
L’analyse des ventes sur cinq ans en dollars courants et constants de 2019 révèle que bien qu’elles aient augmenté en 2021 et 2022, la stabilité nominale entre 2022 et 2023 suggère une baisse du volume réel des livres écoulés. En effet, les ventes en dollars constants pour 2023 sont de 594 millions $, légèrement inférieures aux 596 millions $ de ventes pré-pandémiques en 2019.
Selon le dernier bilan annuel Gaspard, partagé en mars dernier, qui se base sur les données de 239 points de vente de la province, malgré un chiffre d’affaires global en hausse de 2,3 %, passant de 208 millions $ CA en 2022 à 211 millions en 2023, le volume de ventes a légèrement reculé de 0,8 %.
Le numérique, un double-edged sword
L’essor du numérique a profondément transformé les habitudes de lecture. Les ventes de livres numériques ont continué de progresser, mais à un rythme plus lent que les années précédentes.
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Les distributeurs, après de fortes hausses en 2021 (+54 %) et 2022 (+28 %), augmentent de leur côté leur bilan de 1,4 %, pour atteindre 29 millions $. De ce montant, 4,3 millions $ proviennent des ventes directes aux acheteurs québécois, tandis que la majorité, soit 24,8 millions $, est attribuable aux ventes hors Québec.
Depuis 2019, l’augmentation des ventes finales des distributeurs est principalement due à la croissance des transactions hors Québec, qui ont connu une hausse de 10,8 %, comparativement à une augmentation de seulement 2,6 % pour les ventes directes aux acheteurs du Québec.
Leonn Bellechant