Mort en 1816, Antoine Dupré est considéré comme le premier des poètes haïtiens. Son hymne à la liberté représente une porte ouverte sur la littérature et l’imaginaire haïtien. Les archives ne disent pas grand-chose de la vie du poète. Une brume de mystère totale. Certaines sources prétendent qu’il serait né en 1782. A-t-il fait des études en France comme certains affranchis ayant participé à la guerre de l’indépendance ? Aucune affirmation mais c’est probablement le cas. Pradel Pompilus dans son Manuel Illustré de l’histoire de la Littérature Haïtienne affirme que tout ce qu’on sait sur la vie d’Antoine Dupré, c’est qu’il a été vu en 1812, lors du siège de Port-au-Prince par Henri Christophe, se distinguer aux premiers rangs de la résistance et encourager la jeunesse, par des chants patriotiques, à repousser les assaillants.
Si on a trouvé qu’une œuvre poétique assez mince ; un poème (Hymne à la liberté) et deux pièces introuvables (La mort du général Lamarre, La jeune fille), la maturité et l’énergie patriotique qui dégage de son Hymne à la liberté ne laisse aucun doute d’un poète s’y connaissant avec un long parcours en la matière.
Une perte d’archive regrettable pour l’histoire de la littérature haïtienne à ses premières heures.
Hymne à la liberté (Antoine Dupré)
Hymne à la liberté
Soleil, Dieu de nos ancêtres,
O toi de qui la chaleur
Fait exister tous les êtres,
Ouvrage du créateur
Près de finir ma carrière
Que ton auguste clarté
Eclaire encore ma paupière
Pour chanter la liberté.
Liberté, vierge chérie !
Quand mon œil s’ouvrit au jour
Pour t’aimer j’aimai la vie
Et toi seule eus mon amour.
Le tombeau détruit la flamme,
Le sentiment, le désir,
Ah ! brule encore mon ame
Après mon dernier soupir.
Par les lois de la nature
Tout nait, tout vit, tout périt,
Le palmier perd sa verdure,
Lecitronnier perd son fruit
L’homme nait pour cesser d’être
Mais dans la postérité
Ne devrait-il pa renaitre,
S’il aimait la Liberté ?
Haïti, mère chérie
Reçois mes derniers adieux
Que l’amour de la patrie
Enflamme tous nos neveux
Si quelque jour sur tes rives
Reparaissent nos tyrans
Que leurs hordes fugitives
Servent d’engrais à nos champs
Les débuts de la littérature haïtienne étaient plutôt pauvres. Les contextes de l’indépendance d’Haïti, première république noire indépendante, justifiaient une telle retenue dont la priorité était la sauvegarde, surtout par les armes, de l’indépendance nationale.
Karl Heins T. Hizzy
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