L’année 2024 s’en va, mais les écrits resteront, bien rangés dans les bibliothèques ou les gadgets électroniques. La magie de notre époque ! Les livres parlent. Les livres chantent. Dans nos cœurs ou sur un smartphone, la différence est-elle si grande ? Pourtant, 2024 s’éteint sans qu’aucun communiqué concernant la Bibliothèque Nationale d’Haïti, fermée au milieu de l’année, emportée dans la vague des territoires conquis par les gangs. L’administration fonctionne… et c’est tout !
Quelles perspectives ? Quelles alternatives sont envisagées ? Il suffit de visiter le site de la Direction du Budget pour constater les millions de gourdes alloués à la Direction Nationale du Livre ou à la Bibliothèque Nationale. Insuffisant ? Oui. Mais pour quel travail aujourd’hui ? On se le demande.
2024 tire sa révérence, emportant avec elle la plupart des bibliothèques de la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Les petites librairies ferment leurs portes, les marchands de livres du Champ de Mars ne sont plus. Quelques initiatives résistent, souvent grâce à la Fondation Connaissance et Liberté (FOKAL), l’Ambassade de France, l’Institut Français d’Haïti ou à la détermination des artisans d’espoir. Chapeau mesdames, messieurs !
Existe-t-il un plan d’accompagnement pour soutenir les librairies, les événements littéraires, les éditeurs et les maisons de distribution ? A-t-on, dans la mêlée des grandes priorités d’acquisition de meubles, de voitures ou de célébrations, pris le temps d’y penser ? On se le demande.
Le miracle, dit-on, serait de poser les mêmes actions et d’espérer des résultats différents. Mais depuis combien de temps écrivains, éditeurs, libraires, critiques ; confirmés ou porteurs d’un simple rayon de rêve espèrent-ils un miracle ? On se le demande.
En 2025, les principaux acteurs prendront-ils enfin la mesure de leur travail et essaieront-ils de changer la donne ? Réfléchira-t-on, une fois pour toutes, à des solutions concrètes ? Trouvera-t-on des moyens de justifier les millions de gourdes dépensées aux frais du contribuable haïtien pour le développement du secteur du livre ou pour permettre l’accès à la lecture à ceux qui n’ont pas les moyens de se procurer un livre ? Donnera-t-on une chance aux lecteurs de découvrir de nouveaux auteurs ou autrices ? On se le demande.
Des comptes, ni plus ni moins. Des comptes, parce que la culture devrait être une priorité, Mesdames et Messieurs les autorités en grande et en titre.
Francois Nedje Jacques
Féru de la culture et de littératures fantastiques; Pour Nedje le livre est une porte ouverte sur soi et sur le monde avec des couleurs et des zestes d’espoir. Opérateur culturel, il croit fermement qu’un plus large accès à l’information et à la culture contribuera fortement à l’équilibre de notre monde!