Jean Baptiste Anivince est Fondamentalement poète. Membre de Sosyete Koukouy, membre fondateur de Regwoupman Ekriven Kreyòl (REK), co-fondateur de Tanbou-Literè, il a reçu en 2018 le Prix d’Excellence GRAHN de la littérature d’expression créole. Ses textes sont traduits en anglais, en espagnol et sont publiés dans des anthologies comme Zile a / Las isla sous la direction de Claude Sainnécharles ; La poésie créole haïtienne de 1986 à nos jours sous la direction de Lyonel Trouillot. Depuis 2017, Tivens anime une émission littéraire sur les ondes de Signal FM. En créole ou en français, la poésie de Jean Baptiste Anivince est un cri inconsolable, troué d’incertitudes et de douleurs muettes. C’est la chanson ennuyeuse d’une âme qui lance sa quête de quelque chose, nommable ou innomé, dans les méandres des néants ou des lumières souvent absentes d’une existence qui se blesse.
Dans la rubrique Mots-Croisés, nous vous invitons à lire un extrait de « Géométrie de l’absence » une réédition de trois livres du poète en un seul volume.
Corvée de lune sans quartier
je conjugue mes sentiers
Jusqu’à l’infinitif du départ
des amours au souffle court
Je suis moi vers vous
La faute obligée des dieux éphémères
Voilà ma présence molle dans l’alcool
Sous la terminaison des verbes
qui délivrent ou dérivent
Répugnance des masques
Qui détestent à deuxième vue
Me voici pluie facile
à cheval sur le secret des temps qui pleurent
Je n’aime qu’à court terme
Mes puissances tièdes
Dans l’indigo
Calcinées par la faim
Je bois sans fois
La superficie des mers noyées en moi
La coulée indéfinie
Dans le mois sans papier
O Moi locataire des maisons preferées des poèmes
Pour l’introduction des libertés récloîtrées
Je m’appelle l’enveloppé de la voix trempée
Numéro incontrôlable sans chiffre
Au recensement de mes ombres
Métamorphose morte
J’annule toutes mes parenthèses
Dans le champ et dans l’espace
Naissance blanche
Vent rond comme les zéros lourds des millions
O Dieu ! les jours sont décédés
Sous ma douleur originale
# 2
et désormais
ma naissance debout au bout de tout ce qui bouge
sans complicité
comme la colère de la chute
ou la fuite chavirée sur la voix en voyage sourd
O ! pas sages en rage
je creuse le temps et rebaptise mon âge au passage
des heures indépendantes